mercredi 3 décembre 2008

2- Renouveau et séquelles

La première partie est ici

C'est dur d'accepter de me faire aider. J'ai la chance d'avoir confiance dans les gens qui m'entourent et des moyens pour me soigner. Alors je trouve des ressources : une thérapeute, et un ostéopathe .

Ainsi entourée, il ne me faut que quelques semaines pour remonter la pente. Je lâche larmes et peurs enfouies, contacte la petite fille qui pleure au fond de mes tripes et apprend à la consoler. Je m'autorise à nouveau toute cette créativité oubliée pendant les dernières années au profit du travail et de mes bébés.

Le quotidien reste pénible, les vexations et réflexions continuent mais je suis à nouveau en état d'engager les contacts nécessaires pour changer de poste. Je retrouve avec soulagement, et un grand bonheur, l'appui de ceux qui me connaissent. Je repasse du noir et blanc à la couleur. La suite est une autre histoire.


Cette période aura duré quand même près d'un an et demi.
Ma colère contre celui qui fut ce chef brutal pour moi ne s'est apaisée il y a peu. Il semble être moins brutal, maintenant, avec ceux qu'il encadre, tant mieux pour eux et pour lui. Et moi, et bien, plonger m'a donné accès à d'autres ressources, je "provoque" moins ceux qui ne sont pas sur la même planète que moi.

J'ai fui, surtout, de longs mois.
Freinant brusquement chaque fois que je me retrouvais à m'impliquer trop fortement dans mon travail, car je ne voulais pas risquer de re-traverser la ligne blanche, celle qu'on ne franchit pas impunément.
Je me suis cachée chaque fois que la qualité de mon travail me faisait remarquer, ne sortant de ma grotte que pour défendre les idées qui sinon resteraient lettre morte.
J'ai préparé un départ dont je ne sais quand et si il aura lieu, tant la barre me semble haute à franchir.

Mais là, depuis quelques mois, je sens que la peur recule.
Je peux même imaginer être moi-même, avec mes valeurs humaines, et avoir un avenir professionnel là ou je suis.
Qui sait ?
La ligne blanche est tatouée, marque initiatique.


Ces deux billets sont issus de ce qu'a remué en moi la lecture de "Ils n'en n'en mouraient pas tous, mais tous étaient frappés". Livre bouleversant...

4 commentaires:

malie a dit…

"Freinant brusquement chaque fois que je me retrouvais à m'impliquer trop fortement dans mon travail, car je ne voulais pas risquer de re-traverser la ligne blanche, celle qu'on ne franchit pas impunément."
--> Houlala qu'est-ce que ça me parle, ça. Lire ça alors que je freine des quatre fers pour ne pas risquer de revivre ce que j'ai vécu ces dernières années, parce que j'ai peur, tellement peur de replonger pour finalement me retrouver à sec !

J'aime aussi le dénouement de ce billet, cette étape où il faut accepter que si tu n'es pas bien dans cette situation alors, ne pouvant pas changer la situation elle-même, il faut bouger. Changer de service, changer de travail, enfin changer, quoi. L'accepter : ça ne sera plus pile-poil comme avant, mais on peut faire bien ailleurs et autrement, aussi. Ça, je n'arrive pas à le faire. Pas encore. Je ne retrouve pas que ce que je trouvais au début, sans doute que je ne sais plus le provoquer, parce que j'ai trop peur.

Et j'ai fait des erreurs, et ça m'a rendue encore plus malheureuse, et... houlala ! Du coup ça me fait du bien de lire ton (tes) billet(s) ; ça me fait réaliser qu'une solution est possible, que des gens y arrivent.

Je te souhaite plein d'heureux moments et de joies retrouvées qui te manqueraient, quelles qu'elles soient.

Lise a dit…

Merci de ton écho, M'irza. Bienvenue ici :-)

Quoi dire à part de prendre le temps d'écouter ce que te dit cette peur, qui te protège. Ne surtout pas aller trop vite. Suivre les images qui viennent pour explorer.

Une des clés pourrait être laisser "retrouver des joies" pour "trouver des joies", puisque tout change à chaque instant.

Je t'embrasse

mowglinomade a dit…

...et moi je savoure la chance d'avoir eu quelques êtres humains comme "dirigeants". Et j'ai du mal à accepter que c'est encore trop peu d'humain dans ce milieu, et que peut-être, il faut partir.

Lise a dit…

Je viens de m'apercevoir que je n'avais pas répondu à ton commentaire !
C'est aussi mon cas : j'ai eu quelques patrons très humains, et je ne peux plus accepter ceux qui ne le sont pas, a fortiori s'ils n'acceptent pas que moi je le reste. c'est ce qui a déclenché toute ma remise en question professionnelle. Celle-ci n'étant pas terminée, la question reste entière pour quelques années...