vendredi 31 octobre 2008

Effet miroir

L'autre midi, déjeuner prévu avec une collègue.
Amie est un bien grand mot mais nous nous connaissons depuis longtemps, aimons travailler ensemble, et avons partagé des moments intimes.
Complicité sonne juste.

Ce midi-là, j'arrive avec mon stress, ce dossier qui vient de me tomber dessus, qui va écourter ce moment agréable, et alourdir encore une semaine déjà trop pleine. Un dossier qui m'intéresse aussi...
Elle, et c'est assez rare, est très détendue.
J'en viens naturellement à parler de ce qui me gêne.

Elle me questionne pour m'aider à avancer, s'appuie sur les mots que j'utilise et en tire des lignes générales.
Et c'est là que j'expérimente dans mon corps l'effet de la généralisation, et des idées qu'on peut plaquer quand on veut aider un autre : je me crispe, je me tends, je résiste.
Ma réaction est pour elle le signe qu'elle a trouvé une piste. Elle insiste.
Pour moi, c'est une protection pour délimiter ce qui me fait souffrir, et que je ne vois pas bien clairement, afin d'éviter la propagation de cette douleur localisée à d'autres champs de ma vie.

Le vivre est un vrai cadeau pour progresser dans ma voie.

Je l'ai laissée assez frustrée, nous en reparlerons.

mercredi 29 octobre 2008

Qui va trouver ?

...ce qu'est cette lueur bizarre dans le ciel ?

samedi 25 octobre 2008

Une étoile comme un message


Le ciel ce matin, vers 8 heures
De la lumière dans un ciel de lave craquelé, comme un message d'amour.

vendredi 24 octobre 2008

Saga-cité : Lever de soleil




Paris vu de La Défense, ce matin, vers 8 heures
Il y a des jours où tomber du lit est douloureux, mais il suffit d'ouvrir les yeux pour que les merveilles pleuvent

jeudi 23 octobre 2008

Sous l'écorce

Sous l'écorce ça chauffe,
ça bouillonne,
ça craque.

Des larmes de sang perlent en surface,
vite séchées par la colère.

Fatigue, tristesse, colère, deuil.
Comme une litanie qui tourne en boucle.

Je connais les pistes pour en sortir,
mais je veux entendre ce qui se passe en moi,
avant de rebondir.

Je ne veux pas mettre de côté
ce deuil que je ne voulais (pouvais) pas affronter.

La saison des citrouilles m'apporte ce cadeau,
de sa présence renouvelée,
discrète, aimante.

Papa, je voudrais te prendre dans mes bras
pour te dire cet amour,
mais tu n'es plus là, et tu me manques.

Trouver cet amour,
dans ton absence,
comme un parfum subtil.

mercredi 22 octobre 2008

Mère et fille

Ma mère est une femme intelligente et coriace, et une vieille femme effondrée.
Avec le deuil et l'absence, le mur entre nous se lézarde et ploie.
Je ne sais que faire de ce cadeau, qui n'en est pas vraiment un.
La femme en moi se réjouit, de pouvoir mettre un terme à la colère entre nous.
La petite fille pleure, sur le passé gâché, sur toute cette souffrance inutile.
Le mot de testament est lâché, je vois ma mère s'éloigner, et je pleure son futur départ.
Gorge serrée, tête lourde, tripes nouées, je suffoque sous ce poids.

dimanche 19 octobre 2008

Le vol de la mouette

Premier week-end depuis la rentrée où nous étions tous deux présents, et sans invitations. Pause bienvenue pour nous tous, dans le maelström habituel.

Ce matin, j'ai pris le bus avec nos deux petits qui ne le sont plus trop pour visiter, tout en haut d'un grand escalier en bois, un atelier* qui crée des décors, des masques et des marionnettes. Nous avons été accueillis par une jeune femme passionnée, qui nous a fait découvrir les trésors qu'elle crée.

J'ai d'abord essayé tous les masques pour faire rire les enfants qui étaient très intimidés, puis elle nous a présenté son travail, les différentes techniques. Comment sa vocation était née de sa fascination d'enfant pour Pinocchio et des spectacles qu'elle créait pour ses frères et sœurs.

Elle nous a ensuite montré ses marionnettes : un petit garçon inuit , une fée vaporeuse, une vieille femme effondrée dans un fauteuil, un conteur ivre et une mouette.

Puis elle leur a donné vie devant nos yeux. La douceur de ses gestes, leur lenteur, créaient un espace de silence palpable. L'émotion naissait dans mon cœur, celle d'une rencontre intime avec l'imaginaire d'une autre. J'étais troublée de l'intensité de ce que je ressentais, et notamment par la vieille femme, dont le regard perçant dans un corps cassé aurait pu être celui d'une des ces grands-mères dont parle Clarissa Pinkola Estès avec tant de talent et d'amour.

Puis elle nous a confié la mouette, expliquant à R. puis à M. comment la tenir et la faire voler. Je l'ai prise quelques instants aussi, savourant ce vol en terres imaginaires, une fois la difficulté de la fluidité dépassée.
Les enfants étaient conquis.
J'ai profité de leur calme pour discuter avec elle quelques instants. De ces êtres nés de la rencontre de son imaginaire avec celui d'un metteur en scène, de ces partages qui lui avaient permis de sortir d'un tête à tête trop pesant avec ses peintures.
M. a sonné le départ en courant vers l'escalier. Je l'ai remercié, heureuse de que nous avons trouvé là.

Les enfants ont profité du soleil et d'un rassemblement de pigeons pour compléter leurs connaissances en matière de vol ;-)


* les Journées des métiers d'Art 2008 nous ont conduits à l'association "la troupe des mains".
Pour les accros aux marionnettes, http://www.theatredelamarionnette.com/

vendredi 17 octobre 2008

Le ballon vert

Des ballons dans le ciel clair, entre les tours, signes dérisoires et émouvants.
Un ballon pour chacun de ceux qui se sont éteints dans la rue, cette année, en France.
Plus d'une centaine de ballons s'envolant entre les tours, égratignant nos bien-pensantes certitudes. Ne meurent pas que les victimes des grands froids ! La maladie, la mal-nutrition, l'alcool et l'indifférence tuent été comme hiver.
Plus de deux cents personnes par an.

Après ma journée, je suis passée les voir, pour leur dire combien j'avais été émue de leur message silencieux, en savoir un peu plus sur leur action.
J'ai écrit un petit mot, lâché un ballon vert.
Il est parti tout droit, guilleret, dans le ciel clair, et a disparu en un instant.

Pour plus d'informations, voir le Collectif des morts de la rue, ici et ou encore là.

Ceci est mon modeste tribu à la Journée mondiale du refus de la misère.

jeudi 16 octobre 2008

mardi 14 octobre 2008

Soirée lunaire


Un jeton pour la lune,
la tête comme une enclume,
le ventre bien présent.

Deux femmes chuchotent leurs secrets
en riant tout bas,
les yeux brillants de larmes, parfois.

"Enfourcher nos balais effrangés,
laisser fourcher nos langues acérées
des souvenirs cachés.

Une fois de plus oser
nous mettre à marcher
sur ce chemin cabossé.

Trébucher,
rigoler,
espérer !"

Et la soirée terminée
elles s'en retournent lentement,
plus sages et plus folles à la fois.

Ode à la lune,
celle qui s'enrhume,
de nos peurs effarées.

lundi 13 octobre 2008

Instantanés

Une coccinelle jaune sur un étui de guitare,
interrompant le déchiffrage (dégivrage ?) d'un clair de lune ânonné,
signe improbable de légèreté.

Une jeune femme perdue,
un père en colère,
une purée d'azukis.

De la flûte douce,
aux accents d'infini,
la lecture de messages tristes et doux.

Je flotte au gré de ces instants,
volés à un quotidien redevenu survolté,
profitant de ce rien.

La parenthèse s'est refermée,
claquant ses mâchoires brusquement,
mon dos s'en plaint déjà.

Et l'heure des cancres
qui diffèrent le coucher,
me retrouve ici ;-)

dimanche 12 octobre 2008

Sfar !

Quand elle m'a proposé d'intervenir, j'ai en été médusée, comme un petit animal fasciné par les phares d'une voiture. Sfar ! Comment pouvais-je avoir une place, même petite, sur scène ,alors que je venais à cette journée pour la première fois, et qu'il y a un an, j'ignorais même que j'y viendrais un jour ?
Je pris le temps de m'en remettre pour écrire les deux pages demandées, qui furent bien accueillies par l'organisatrice.


C'était hier que j'intervenais, juste après déjeuner, au milieu de praticiens expérimentés. Le stress montait depuis quelque temps déjà, perturbant mes nuits.
Le programme brillant de la matinée m'avait tenue loin de mon angoisse.
Mais l'heure du déjeuner venue, j'avais la gorge sèche et les tripes nouées. Mes mains tremblaient en remplissant mon assiette à ce délicieux buffet, assiette que je mangeais avec peine. Mais j'étais en bonne compagnie, parmi tous ces gens qui sont confrontés aux difficultés humaines, et cherchent à les soulager sans jugement. Je pouvais aussi jouer avec l'idée de mon incompétence, m'autoriser à être nulle puisque j'étais "une petite nouvelle".

Mes mains ne tremblaient plus quand je fus appelée sur l'estrade. Ma voix était pleine d'émotion, je ne fut pas brillante comme d'autres, mais j'arrivais tout de même à dire mon texte audiblement.
Ouf, mission accomplie ! Je pouvais enfin respirer à nouveau et profiter pleinement des prestations suivantes ;-)

Ce que je tire de cette journée?
* l'énergie et la satisfaction de la difficulté surmontée, même si elle est essentiellement un produit de mon esprit
* une nouvelle manifestation de mon orgueil à vouloir maîtriser ce que je ne sais pas encore
* le sentiment d'être plutôt à l'aise dans ma nouvelle "famille"
* et par-dessus tout l'envie renouvellée de poursuivre dans cette voie où je me sens bien, même si elle est extrêmement difficile.


Douceurs dominicales

Un temps de calme après la richesse et la densité des jours derniers.
Un peu de temps en cuisine, donc, et quelques nouveautés (pour moi ;-)

Une salade de brocolis aux oignons :
Faire cuire à la vapeur des brocolis ( 10 min à la cocotte minute).
Pendant ce temps, émincer 2 ou 3 oignons, et les faire fondre dans une poêle avec un peu d'huile.
Griller des graines de sésame, en parsemer les oignons, et ajouter un trait de sauce de soja.

Mélanger les brocolis dans un saladier, avec les oignons et leur accompagnement.
Nous avons accompagné cette salade de riz basmati nature.

Des crêpes à la farine de châtaigne :
250g de farine (2/3 blé, 1/3 châtaigne)
1/2 l de liquide (lait ou lait végétal, éventuellement coupé ou pas d'eau)
3 œufs
de la fleur d'oranger
Battre et laisser reposer 2h
Puis faire sauter les crêpes.
Puis garniture au choix ( ce soir, c'était Chocolade)

J'ai eu du succès avec ma surprise ;-)

vendredi 10 octobre 2008

Mûrir enfin

Accepter que ce que je ressens ne soit pas partagé,
que mes besoins ne soient pas entendus,
surtout s'ils sont implicites.

Accepter l'indifférence voire le conflit,
renoncer à plaire par peur de la solitude
ou, pire, de la blessure de l'autre.

Lâcher l'orgueil et la peur,
renoncer à la dépendance
et consoler l'enfant.

Savourer ce qui est réel,
le cultiver,
le vivre pleinement.

mercredi 8 octobre 2008

Immobilités

Il y a ces instants où l'on s'immobilise,
souffle suspendu, nez frémissant,
lièvre prêt à la fuite
ou muscles tendus, mâchoire crispée,
félin prêt à bondir.

Ces instants aussi où l'intellect se mobilise
pour déjouer la stratégie de l'autre ou construire la sienne,
énergie concentrée dans le front qui se creuse,
corps presque disparu de la conscience,

C'est celle de l'oeil du cyclone,
instant de suspension dans le déséquilibre.



Si j'aspire à l'immobilité,
c'est à celle qui joue avec la détente,
et est présence au monde.
Celle de l'arbre, ou du lac,
accueil de l'instant,
quoi qu'il advienne.

mardi 7 octobre 2008

Des fleurs

Hier, je l'ai revue, après ces semaines à nous croiser. Ce deuil si proche d'elle, que l'on savait imminent, était finalement arrivé, laissant sa sœur veuve, et quatre enfants orphelins. Nous avions un rendez-vous professionnel, et nous avons pris le temps aussi pour le reste, ce qui est censé être accessoire dans nos agendas mais qui prend la première place quand nous sommes réunies. En gris et noir, les traits tirés, elle trouvait quand même le temps d'entendre la douleur d'une autre femme, de celle qui perdait pour la deuxième fois un bébé tant attendu en moins d'un an.
Jour de deuil décidément. Jour intense d'amitié et de soutien.

Et puis cette nuit. Elle venait avec moi dans la maison de mes grands-parents. Je ne sais s'ils étaient là, mais mon père, oui, avec ma mère, et ma tante. S. arrivait avec un bouquet de fleurs, à mettre sur la tombe de celui qui était parti. Ces fleurs étaient vraiment spéciales. Je me souviens de leurs couleurs brillantes, de leur fraîcheur si perceptible. Leurs tiges souples, leurs corolles, leur simplicité, leur gaieté m'émerveillaient. Elle les tenait entre ces mains, et elles l'illuminaient.

Cette image m'a accompagnée toute la journée.
Ne jamais oublier de saisir la Vie entre nos mains, en toutes circonstances...

samedi 4 octobre 2008

La Fin de la plainte

"Fondée peu ou prou, l'histoire de la plainte commence donc toujours par la fermeture sur soi et se poursuit avec le déni de la réalité pour s'achever en exigences et en revendications qui viennent frôler la paranoïa.[]Le début de la plainte était caractérisé par un écart ou un abîme entre la peine et son expression. Plus elle s'étend, plus grandissent l'écart ou l'abîme. Ce n'est plus seulement la douleur réelle ou supposée qui est mise à distance, c'est également ce qui la touche de près ou de loin, ce qui la cause et qui en est la conséquence."
François Roustang, La fin de la plainte.

En écho à Cile.

jeudi 2 octobre 2008

Etonnement


Hier, à la bibliothèque, je prends un roman pour voir, dans le tas des nouveautés. C'est le marché des amants, de Christine Angot.
Un nom de cette femme qui me dit quelque chose, mais je ne l'ai jamais lue.

Des premières pages un peu quelconques, et puis j'accroche quand son Bruno rentre en scène.
Et puis d'un coup, je me rends compte qu'il s'agit de Doc Gynéco ! Dégoût voire colère, car je trouve ça tellement nul de parler d'un amant sur la place publique, alors en faire un livre ?!?

Je continue à lire, et me rends compte qu'il est tellement plein d'amour ce portrait que j'en suis très émue.
Cet homme est attachant, il ressemble à ses premières chansons ( je ne l'ai pas écouté depuis longtemps). Et elle, elle parle très bien de l'amour, de sa réalité, loin de tous les aspects "rationnels" du couple. Sans forfanterie, juste avec une grande simplicité.

Bref, et à ma grande surprise, je suis conquise.

Ici, la critique du Monde.

mercredi 1 octobre 2008

Piste paradoxale

Les actions font leur effet. je ressors la tête de l'eau.

Hier soir , diner avec une amie écrivain. La conversation nous amène sur un sujet brûlant pour moi : le lien entre contribution, temps de production, créativité.

En bref, je suis réellement productive quand je suis suffisamment disponible pour que les idées sortent d'elles-mêmes. Ca peut vouloir dire passer une semaine sans pouvoir écrire une ligne, en discutant juste avec des gens et en m'imprégnant du problème, et poser en 15 minutes sur un tableau ou un papier un concept ou un texte très simple, très clair, qui apporte réellement quelque chose de pertinent. A contrario, je peux être appliquée et ne générer que des choses sans intérêt particulier.
Il faut juste que j'accepte de ne pas culpabiliser quand je "ne me vois pas travailler".

En fait, je travaille mieux quand je ne travaille pas ;-)