jeudi 28 mai 2009

Laisser faire le mystère

La première séance avait agi quelques jours, mais elle butait à nouveau.
Alors, nous sommes parties à nouveau en exploration.
Je pourrais raconter son voyage étonnant mais il lui appartient. Et puis, l'essentiel n'est pas là. Elle a pu expérimenter dans son corps, tous ses sens en éveil, cette nouvelle réalité.
Ce ne fut pas sans peine ni tâtonnements mais elle voulait continuer, continuer encore.
A l'arrivée, ses yeux brillaient. J'étais émue, aussi.
Et maintenant, laisser faire le mystère

Derrière la petite porte rouge

Pousser la petite porte rouge, c'est accepter ce qui vient, les surprises, la magie, ce qui secoue et décoiffe.
Une fois habitué à la pénombre, on découvre une pièce étonnante. On l'imaginait petite, en fait, elle offre un grand espace libre de meubles. Chaleureux dans sa nudité.
Un espace vivant, que l'on sent autour de soi comme une caresse.
Un espace où l'on peut danser pieds nus, tournoyer jusqu'à ce que l'énergie nous emporte de sa flamme vibrante, chanter, crier, célébrer.
Un espace où l'on peut se blottir pour écouter les merveilles en nous, qui alors sait se faire intime et douillet. Une cheminée apparaît alors, quelques grands fauteuils de cuir usé, des petits bancs de bois et une grande bibliothèque pleine de beaux grands livres sertis de toiles d'araignées.

Et si l'on regarde bien, les jours de soleil, on voit tout au bout une porte claire, une fenêtre un peu sale, où se prélasse un chat. La porte grince et s'ouvre brusquement, et l'on est alors envahi par le soleil aveuglant, les chants stridents des oiseaux, le fouillis vert des arbres, la senteur piquante des plants de tomate. On s'adosse alors à la façade couverte de lierre pour goûter la plénitude des sens.
Une table en fer forgé, une chaise bleue juste sous le soleil, et que le cerisier vient protéger plus tard dans l'après-midi.
Un carnet pailleté, un crayon à papier mâchonné, un harmonica et quelques notes griffonnées, ode à ce qui frémit et s'épanouit. Les notes graves et chaudes comme une pluie bienvenue, les discrets arpèges de la nuit qui tombe, le silence ponctué des bruits de la nuit.

Mais regardez derrière la petite porte rouge, car elle n'offre jamais deux fois les mêmes paysages. Parfois elle refuse de s'ouvrir même(surtout ?) à celui qui est trop impatient...

lundi 25 mai 2009

Saga-cité : la petite porte rouge

La petite porte rouge. Celle que je ne croise pas sans sourire.
Une porte où il faudrait se pencher pour entrer.
Attendre quelques secondes de s'accoutumer à la pénombre après la lumière éclatante du dehors.
Déchiffrer les ombres, sentir la fraîcheur, la sensation de l'espace autour.
Se laisser apprivoiser doucement par le rire à l'intérieur, celui de la joie qu'on laisse cascader partout. Ce rire d'enfant, malicieux comme un bonbon à la menthe.
Profiter de ce temps d'ombre et de repos, et décider à un moment de s'installer devant la fenêtre de poupée pour contempler les passants devant la petite porte rouge.
Les imaginer se pencher, et pousser la petite porte rouge...

mercredi 20 mai 2009

Ligneuse

Ligneuse comme une asperge un peu desséchée,
par le trop de tout,
muraille construite autour de la fatigue par ma volonté,

J'aspire à m'adoucir, à m'extirper de ma gangue,
et redevenir cœur fondant

Un week-end pour redevenir une, une qui serait juste là, maintenant, avec.
Retrouver de l'humour et fondre de tendresse.

samedi 16 mai 2009

Méharée

Nous nous sommes quittés ce soir avec le regard et le sourire de ceux qui ont ensemble traversé les braises. Fatigués de nos voyages lointains, apaisés par les immensités traversées, heureux de la gourde tendue dans le désert quand l'oasis se fait trop lointaine, de la main qui aide à traverser quand le vertige guette. Nourris de cette solidarité humaine qui nous a fait déposer orgueil et doutes ( mais ne sont-ils pas les 2 faces d'une même pièce?).

Devenir une voix, celle qui fait confiance quand on doute, celle qui encourage à voir autour ce qui peut aider, sans jamais s'immiscer. S'émerveiller du tableau inédit qui se compose devant nos yeux, bouge et se transforme jusqu'à dessiner la perspective qui manquait.

Se réjouir de voir le rêve d'hier se transformer peu à peu en réalité.

Merci la Vie ( comme le dirait Cile...)

jeudi 14 mai 2009

Rallonge(s)

Les rallonges symbolisent pour moi ces journées de fête où les bras accueillent à foison, coeur grand ouvert, table réjouie.

Alors quand cette journée à rallonge(s) a pointé le bout de son nez, quand l'aube a frissonné dans les cris d'oiseaux guillerets, c'est la joie au cœur que j'ai décidé de l'accueillir.
Faire le pari que cette lourde journée de travail serait une journée gaie avant toute chose. Une journée pour accueillir à foison ce qui se passe à l'intérieur et avec le reste du monde.
Car un accouchement est une fête, n'est-ce pas ?
Alors se concentrer, s'ouvrir, et dire oui à ce qui se passera.

Démarrer pleine d'énergie dans le petit matin très calme.
Refaire le point de ce qu'on a et de ce qu'on n'a pas encore, prendre du recul pour voir ce qui coule et ce qui grippe, et , point après point relire, revoir, compléter, agencer.

Première pause le temps de petit déjeuner en famille.

Deuxième pause le temps d'inscrire R. à sa colo avec son meilleur ami, accompagnée de celle qui a choisi un nouveau chemin. Savourer cette petite balade dans Paris aux pavés encore mouillés de la nuit, dans ce quartier un peu inconnu à l'architecture intéressante, et cetteconversation légère.

Puis retrouver la Tour, l'enfermement, en décidant de ne pas me laisser envahir par l'angoisse des autres.

Prendre mon planning en main, et libérer de tout ce qui m'empêchera de réaliser ma priorité.
Le faire avec le sourire.
Demander de l'aide , et l'obtenir.
Même de la part de celle dont je ne le crois pas possible. Mon satané orgueil décidément me bride donc beaucoup au quotidien...

Troisième pause un peu énervante puis relaxée.
Quatrième pause dans le foulée avec la surprise d'une rencontre amie. Souvenir du dernier "accouchement" réussi. Savourer le regard et le compliment.

Prendre les choses dans le bon ordre.
D'abord le contexte, puis la structure, puis l'histoire, puis le détail.
Ne pas laisser passer ce qu'on ne sent pas.
Demander de l'aide encore, et l'obtenir.
Cette fois c'est quelqu'un avec qui j'ai du plaisir à travailler. Savourer de pouvoir compter sur d'autres qui savent compter sur vous. Mesurer la tension, et l'accepter.

Ça me rassure, je peux avancer.

Alors, m'enfermer. dernière ligne droite. Prendre chaque détail et le mettre au crible. Trier, compléter, ajuster. Faire l'essentiel, l'utile, loin d'une perfection démesurée. Savoir que de toute façon d'autres lecteurs traqueront ces détails. L'accepter.

Accélérer, accélérer encore, car il n'y plus de doute. Le travail coule fluide et intense.

Être au rendez-vous du premier crible. Le passer avec quelques ajustements constructifs.
Accepter avec gratitude la rallonge temps inespérée, et décider de l'utiliser à autre chose qu'à perdre la foi.

Partir tôt pour une pause en famille avant d'y retourner.
Dernière pause ici avant le coucher des enfants .
La dernière partie de cette journée à rallonge(s) sera pour la nuit, propice à la concentration.
Et cette journée, à la réflexion.

Demain sera un autre jour, celui des images qui font voyager...

lundi 11 mai 2009

Mille et une

Ce mille et une choses qui font mes journées et mes nuits,
Celles qu'on perçoit clairement en passant sans s'arrêter
Celles qu'on ne voit pas en s'arrêtant parfois,
ces mille et une vies autour,
ces mille et une vies à l'intérieur,
millefeuille goûteux et parfois indigeste des jours qui s'enfuient.

Revenir du millefeuille à l'unité d'être est pourtant possible,
le temps d'un battement de cil, du souffle apaisé,
des pieds enracinés, des bras envolés,
et les mille et un soucis de se disperser
comme autant de papillons multicolores
échappés de la cage de ma poitrine.

vendredi 8 mai 2009

Quand l'ombre rôde

Quand l'ombre rôde, qu'elle pourrait menacer ceux que j'aime et que je dois protéger, alors il est urgent de nous bouger tous. Les emmener dans une fanfare joyeuse de moins en moins grinçante chercher le rire et l'amusement, le nouveau, l'étonnant, le simple et le fou.
Les laisser s'épanouir dans leur corps d'enfant, dans leur curiosité voyageuse, partager mes rêves et mes connaissances leurs rêves et leur créativité, d'égale à égaux. C'est bon, c'est doux, et tellement réparateur, ce qui circule entre nous.

Aujourd'hui, c'est Achille, Pâris, Aphrodite, Homère, Ménélas et Hélène qui nous ont rejoint le temps d'un trajet en bus vers le cinéma. Et cette mère qui trempe son bébé dans le Styx pour tenter de le protéger de son destin. Avec l'image qui se teinte de vécu, celui de la petite fille, celui de la mère. On ne peut jamais protéger tout à fait, et c'est tant mieux car alors que resterait-il à vivre ? Quelle intensité dans leur écoute. Fascination.







La véritable histoire du chat botté m'a fait éclater de rire plus d'une fois. Ah Yolande en reine à l'accent belge, un régal ! quant au chat, un vrai coquin comme on les chérit ( n'est-ce pas ?)





Ce que je retiens de la suite de nos aventures du jour et me met du baume au coeur, ce ne sont pas tant les moments joyeux que notre capacité collective à sortir des moments de tension,.
Et aussi la nécessité pour moi d'alterner vagabondages de l'esprit et plongée dans le très concret pour lâcher prise quand je me perds dans mes idées noires. Revenir aux petites sensations, comme elle le dit si bien. Plier des chaussettes, marcher et courir, cuisiner, siroter une infusion (lavande, tilleul et rose, ce soir), allumer un peu d'encens japonais à la fleur de cerisier.

Garder cela précieusement pour quand l'ombre reviendra rôder ...

jeudi 7 mai 2009

Petits arrangements



Elle se dit qu'elle devrait porter une pancarte "mue en cours". L'ouverture la soumet à rude épreuve. Sensible aux chauds et aux froids, parfois écorchée vive, et en même temps dans des bonheurs intenses et profonds.

Mais peut-être la porte-t-elle déjà, cette pancarte. Peut-être la pancarte créé-t-elle même le problème...

Alors elle se dit qu'elle devrait le cacher mieux en attendant que la carapace repousse. Faire parfois un peu semblant d'être en paix pour se protéger.
Nonchalance bienvenue, bienfaisante.

Éviter d'ouvrir ses états-d'âme à ceux qui soulignent l'injuste et le scandale en la plaignant. Comme si cette plainte l'enfonçait plus encore. Ignorer ce qui pourrait blesser, pour le dépasser.

Tous les jours pourtant elle voit à quel point les cœurs sont fragiles sous les carapaces les plus coriaces. Pourquoi ne jouerait-elle parfois ce jeu-là aussi ?

Allez, essayer une semaine et voir ce que ça donne. Petit pari avec elle-même. Cap !

Photo Christian Fischer.

mercredi 6 mai 2009

La vibration à l'intérieur

Je repoussais l'échéance depuis plusieurs mois ( presque...3 ans !).
Celle de me remettre sérieusement au violon.
Autant bidouiller avec mes fils ne déclenchait qu'un peu d'amusement, autant c'était la panique à bord de retrouver un guide sur ce chemin. Spectre de la contrainte, des douleurs dans le dos, des défauts si ancrés, de l'insuffisance du son.

Les hasards (?) de la vie ont mis sur mon chemin il y a quelques semaines une femme rayonnante qui m'a expliqué vivre le violon comme je vis le yoga. Je ne pouvais pas reculer plus longtemps. D'autant que je lui offre en retour ce que j'aime pratiquer.

Premier cours en début d'après-midi. Un cours de posture essentiellement.
Remettre le corps dans son axe.
Accueillir le violon comm un enfant qu'on caline,
Trouver la position du bras, celle qui laisse le pied, le coude, la main le porter dans un bel élan terrestre.
Celle de la main droite savourant le poids de l'archet, prête à le poser sur les cordes comme un oiseau sur sa branche.
Et puis laisser le son traverser mon corps, résonner à l'intérieur, là où se blottissent tant de larmes, manifestement. Elles ne sont pas sorties mais je les ai senties dans cette séance si douce et si forte à la fois, présentes. Un réservoir de larmes que je n'avais jamais contacté encore.

C'est une immense surprise de pouvoir ressentir cette intimité charnelle.
Comme une nouvelle rencontre. J'en suis encore abasourdie ce soir.

mardi 5 mai 2009

Deadline

Je tourne, je vire, j'atermoie.

Une montagne à produire, et me voilà à tourner autour l'air de rien.
Collecter une feuille par ci, tirer un fil par là, appeler un tel pour en parler, sans méthode identifiée.
Ou plutôt en impressionniste.
Je ne sais pas avant tard quelle "tête "aura mon travail. Car je cherche avant tout à ce qu'il convienne à ceux qu'il concerne au premier chef, et au contexte du moment. Alors ça change souvent de forme avant que je sente que ça fait "tilt"

Le matin, je me lève et parfois coule une façon de faire. Et puis ça se met à ramer à nouveau. Mes mails et toutes les demandes annexes ne sont si bien traités que dans ces périodes-là.

  • J'en ai le ventre noué de ne pouvoir programmer mon travail.
  • Personne ne me demande des comptes , à part moi.
  • Je ne compte pas une fois où je n'ai pas été au rendez-vous, au finish.
  • Je n'ai pas vraiment confiance, je crois.

Je devrais faire la sieste tant j'en ai mal dormi.
Pfuuuit...

Edit de 23 heures :

Je viens d'envoyer une version de travail de "ma montagne".
Finalement, râler ici m'a permis de repartir d'un nouveau pas.
Et là, tout de suite, en me préparant un encas bien mérité car j'ai pratiquement sauté tous les repas aujourd'hui, je me suis dit que j'avais dans ces cas-là tous les symptômes d'une femme qui accouche. Douleurs, agitation, impression que ça ne viendra jamais, et puis là, d'un coup, quelque chose qui se met en route et nous emporte...
Et tout ça pour un document ! Une occasion de plus de ne pas se prendre au sérieux ;-)

lundi 4 mai 2009

Une petite fille déguisée en mère

Elle aime les enfants vivants, ceux qui rigolent, chahutent, imaginent, s'agitent et cogitent.

Alors, en plus des siens, elle aime adopter ceux des copains, juste une paire d'heure, les regarder et savourer cette légèreté à la Prévert qui manque à tant de petits enfants vieillissants, et rend le monde parfois si déprimant.

Elle aime observer comment se font et se défont les conjugaisons, et connivences.
Comment les uns et les autres se lancent défis et idées folles, se câlinent et se protègent.
Comme ils partagent quand rien n'est édicté sinon une bonne humeur de bon aloi devant une telle compagnie.
Elle aime participer, juste un peu, à la folie débridée, et musarder.

La petite fille se régale, même si la mère se gèle les doigts.
Elle imagine la tête de la sienne et rit aux éclats.
Elle imagine sa propre tête quand elle joue à la mère fâchée, et rit plus fort encore.

Surtout ne jamais se prendre au sérieux, dit celle qui est si sage derrière son regard malicieux, ni fermer son cœur d'enfant.

dimanche 3 mai 2009

1er mai (2)

Une photo à l'image de mes atermoiements.

Défiler, pourquoi pas, mais derrière une bannière quelle qu'elle soit, ça ne me va pas.
Malaise diffus de ne pas être entièrement en accord avec ce qui est clamé. Car décidément, quel que soit le "camp", la violence et le rejet de l'autre ne me semblent pas une bonne solution. Comprendre, expliciter, réclamer, aider, oui. Construire, toujours, à côté du système établi, lorsqu'il le faut.

Alors j'ai flâné de la chaussée aux trottoirs. Regardé les gens, le ciel, les enfants.
Jusqu'au moment où une petite rue m'a tendu les bras.
Sortir de la foule et respirer loin des cris et des slogans.
Remplir mes yeux des tags multicolores, des volets ajourés, de la verdure printanière.

Non, décidément, je ne suis pas prête à une action collective autre qu'à taille humaine, quand les enjeux sont clairs et les conséquences mesurables.
Ce sont les individus qui m'intéressent, dans leur unicité.

vendredi 1 mai 2009