jeudi 14 mai 2009

Rallonge(s)

Les rallonges symbolisent pour moi ces journées de fête où les bras accueillent à foison, coeur grand ouvert, table réjouie.

Alors quand cette journée à rallonge(s) a pointé le bout de son nez, quand l'aube a frissonné dans les cris d'oiseaux guillerets, c'est la joie au cœur que j'ai décidé de l'accueillir.
Faire le pari que cette lourde journée de travail serait une journée gaie avant toute chose. Une journée pour accueillir à foison ce qui se passe à l'intérieur et avec le reste du monde.
Car un accouchement est une fête, n'est-ce pas ?
Alors se concentrer, s'ouvrir, et dire oui à ce qui se passera.

Démarrer pleine d'énergie dans le petit matin très calme.
Refaire le point de ce qu'on a et de ce qu'on n'a pas encore, prendre du recul pour voir ce qui coule et ce qui grippe, et , point après point relire, revoir, compléter, agencer.

Première pause le temps de petit déjeuner en famille.

Deuxième pause le temps d'inscrire R. à sa colo avec son meilleur ami, accompagnée de celle qui a choisi un nouveau chemin. Savourer cette petite balade dans Paris aux pavés encore mouillés de la nuit, dans ce quartier un peu inconnu à l'architecture intéressante, et cetteconversation légère.

Puis retrouver la Tour, l'enfermement, en décidant de ne pas me laisser envahir par l'angoisse des autres.

Prendre mon planning en main, et libérer de tout ce qui m'empêchera de réaliser ma priorité.
Le faire avec le sourire.
Demander de l'aide , et l'obtenir.
Même de la part de celle dont je ne le crois pas possible. Mon satané orgueil décidément me bride donc beaucoup au quotidien...

Troisième pause un peu énervante puis relaxée.
Quatrième pause dans le foulée avec la surprise d'une rencontre amie. Souvenir du dernier "accouchement" réussi. Savourer le regard et le compliment.

Prendre les choses dans le bon ordre.
D'abord le contexte, puis la structure, puis l'histoire, puis le détail.
Ne pas laisser passer ce qu'on ne sent pas.
Demander de l'aide encore, et l'obtenir.
Cette fois c'est quelqu'un avec qui j'ai du plaisir à travailler. Savourer de pouvoir compter sur d'autres qui savent compter sur vous. Mesurer la tension, et l'accepter.

Ça me rassure, je peux avancer.

Alors, m'enfermer. dernière ligne droite. Prendre chaque détail et le mettre au crible. Trier, compléter, ajuster. Faire l'essentiel, l'utile, loin d'une perfection démesurée. Savoir que de toute façon d'autres lecteurs traqueront ces détails. L'accepter.

Accélérer, accélérer encore, car il n'y plus de doute. Le travail coule fluide et intense.

Être au rendez-vous du premier crible. Le passer avec quelques ajustements constructifs.
Accepter avec gratitude la rallonge temps inespérée, et décider de l'utiliser à autre chose qu'à perdre la foi.

Partir tôt pour une pause en famille avant d'y retourner.
Dernière pause ici avant le coucher des enfants .
La dernière partie de cette journée à rallonge(s) sera pour la nuit, propice à la concentration.
Et cette journée, à la réflexion.

Demain sera un autre jour, celui des images qui font voyager...

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